Faut-il utiliser un appareil auditif quand on est senior ?
Selon un rapport de l’OMS sur l’audition, un quart de la population mondiale souffrira de déficience auditive d’ici à 2050. Pourtant, l’ouïe est une alliée du quotidien. Elle est indispensable pour communiquer, apprendre, se divertir, et pour accéder à l’emploi. La perte d’audition peut conduire à l’isolement si elle n’est pas traitée, et impacte fortement la qualité de vie de ceux qui en souffrent. Les personnes âgées sont particulièrement concernées par ce trouble, aggravant leur perte d’autonomie. Le port d’un appareil auditif, souvent sous-estimé, est pourtant une solution intéressante. Il permet de retrouver instantanément de l’audition, et ainsi des interactions sociales normales.
La perte d’audition, la nécessité d’un dépistage précoce
Un tiers des seniors de 65 ans et plus souffriraient d’une perte auditive sévère (selon l’OMS (1)). Pourtant, seulement 17% d’entre eux seraient équipés d’une prothèse auditive. En cause, le manque d’accès à ce type de soins, le manque de formation du personnel soignant, ainsi que le dépistage tardif de la déficience auditive.
Or, une prise en charge précoce des troubles auditifs est cruciale afin de proposer au patient un protocole de soins adapté. Elle permet dans bien des cas de prévenir et limiter la perte d’audition. De plus, l’évolution technologique des appareils permet un dépistage précis et rapide. Leur simplicité d’utilisation favorise l’usage par les professionnels de santé.
Dès les premières gênes auditives, il est conseillé d’en parler à son médecin traitant. Celui-ci orientera le patient vers un O.R.L. (oto rhino laryngologiste) qui lui proposera un examen de dépistage. Deux types d’examens sont possibles :
– L’audiogramme consiste à faire écouter des bips sonores à différentes fréquences. Cela permet d’évaluer le niveau de perte d’audition de chaque oreille ;
– L’audiométrie vocale permet d’évaluer la capacité à discerner les sons par des tests de compréhension du langage.
L’O.R.L prescrit ensuite une ordonnance pour la pose d’un appareil auditif auprès d’un audioprothésiste. Le rôle de ce professionnel de santé est déterminant. Il doit être en mesure de conseiller un appareil confortable et parfaitement adapté à l’audition du patient. Les réglages de l’appareil sont sensibles. Des ajustement peuvent être requis à posteriori, jusqu’à ce que le patient atteigne un confort optimal.
Qu’est-ce qu’un appareil auditif et comment aide-t-il à combattre la surdité ?
L’appareil auditif (ou prothèse auditive) crée un pont entre l’environnement sonore et le cerveau du bénéficiaire. Il reproduit le système auditif complexe du corps humain, et permet au cerveau de distinguer à nouveau les sons. Il améliore ainsi l’audition par l’amplification des sons.
Sans pour autant restaurer l’audition du bénéficiaire (on ne guérit pas d’une perte d’audition), l’appareil auditif permet de retrouver instantanément des capacités auditives correctes. La communication est de nouveau possible, et le confort de vie pour le malentendant est largement amélioré.
L’appareil auditif est un concentré de technologie. Tel un mini-ordinateur, il est doté d’un microprocesseur, d’un microphone intégré, d’un écouteur, ainsi que d’éléments de contrôle pour les réglages de l’appareil. Le fonctionnement est le suivant :
- Le microphone capte les sons pour les convertir en signaux numériques.
- Le processeur traite ces signaux numériques pour les transformer en ondes sonores.
- L’écouteur restitue ce message dans le conduit auditif sous forme de signal acoustique.
- Les éléments de contrôle disponibles permettent à l’utilisateur de faire ses propres réglages.
Les différents types d’appareils auditifs
Il existe trois sortes de prothèses auditives, ainsi que de nombreuses fonctionnalités permettant de s’adapter aux besoins du bénéficiaire.
L’appareil auditif intra-auriculaire est le modèle le plus discret. Il est conçu à partir d’une empreinte du conduit auditif de l’utilisateur. Il s’adapte ainsi parfaitement à l’oreille. C’est un modèle performant qui peut localiser le son jusqu’à 360° pour une restitution parfaite. Cependant, il est très sensible aux bruits extérieurs.
L’appareil auditif mini-contour est un modèle composé d’un boîtier qui se pose derrière l’oreille en externe, et d’un écouteur qui se place dans le conduit auditif en interne. Il permet de se concentrer sur la parole de son interlocuteur. Il est parfaitement adapté en cas de perte auditive moyenne ou légère. Il s’agit d’un modèle qui reste discret, léger, facile à porter, et remarquable quant à sa longévité et sa résistance à l’humidité.
L’appareil auditif contour d’oreille s’adapte à tous les degrés de pertes auditives, y compris les plus sévères. Ce modèle est très robuste et puissant. En revanche, son boîtier est plus imposant que le mini-contour. Il est donc plus visible.
Le prix moyen d’un appareil auditif s’élève à environ 1.600 €. Il faut compter entre 600 et 950 € pour un appareil d’entrée de gamme, et entre 950 et 2.200 € pour un appareil plus sophistiqué. Les tarifs varient selon le niveau de performance de l’appareil auditif (type d’appareil, puce…), et selon les options proposées (connectivité, mode de réglage, réduction du bruit, écouter de la musique, gestion de l’écho, application mobile dédiée…).
Prise en charge et solutions de financement d’un appareil auditif
Un appareil auditif est un dispositif médical et dispose à ce titre d’une prise en charge par la Sécurité sociale et la complémentaire santé le cas échéant. Cependant, la prise en charge est plafonnée et ne doit pas dépasser 950€ pour les appareils de classe I. Le reste à charge pour le bénéficiaire peut donc être conséquent.
Les pouvoirs publics œuvrent pour améliorer le niveau de remboursement des prothèses auditives afin de pallier au faible niveau d’équipement signalé par l’OMS. Depuis le 1er janvier 2021, dans le cadre de la réforme “100% Santé”, les appareils de classe I sont pris en charge à 100%. Les appareils de classe II ont quant à eux un prix de vente libre, et dépassent souvent les seuils de remboursement. Ils ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie.
D’autres solutions de financement existent. Certains organismes comme les caisses de retraites complémentaires ou les structures dédiées aux personnes âgées ou handicapées peuvent prendre en charge tout ou partie du coût de l’appareil. La Maison Départementale des Personnes Handicapés (MDPH), l’Association de Gestion des Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées (AGEPIPH), par exemple, proposent des aides selon la situation du bénéficiaire.