Maltraitance des personnes âgées : comment agir ?
En France, la maltraitance est un problème de santé publique qui touche une personne âgée sur six. Elle existe dans les établissements mais également à domicile, concernant les proches et le personnel soignant. Face à cette situation des solutions existent afin que les personnes âgées ne restent pas démunies face à des actes de maltraitance qui peuvent prendre différentes formes.
Qu’est-ce que la maltraitance des personnes âgées ?
Selon la définition du Conseil de l’Europe : la maltraitance des personnes âgées « se caractérise par tout acte de négligence ou omission commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, à la liberté d’une autre personne ou compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à la sécurité financière». Ce sont des violences physiques, psychologiques et matérielles qui représentent des violations des droits humains. Créant une grande détresse, leurs séquelles peuvent aller jusqu’à la mort. Les victimes risquent deux fois plus de mourir prématurément.
La maltraitance des personnes âgées est un problème de santé publique : elle augmentera avec le vieillissement de la population. Constatée à domicile comme en établissement, elle a été aggravée par la pandémie de covid-19. Selon la Fédération 3977 en 2015, les personnes âgées sont les victimes de 81,5 % des cas de maltraitance (1). Les facteurs de risques sont nombreux, comme :
- une mauvaise santé physique et mentale ;
- les conséquences de la perte d’autonomie sur les relations avec les proches ;
- l’isolement social et certaines conditions socio-culturelles.
La difficulté du rôle d’aidant, les conditions d’accueil et de soins dans certains établissements rendent aussi les seniors plus vulnérables. Les femmes sont également plus touchées.
Selon les chiffres de l’OMS, 15,7 % des personnes âgées de plus de 60 ans ont été victimes de maltraitance (2). En 2021, deux membres du personnel soignant sur trois reconnaissent avoir été maltraitants au moins une fois au cours de l’année. Ces chiffres sont trompeurs : nombre de personnes âgées ne font pas de signalement par peur de représailles ou ne réalisent pas toujours qu’elles sont victimes de maltraitance.
Les proches et les professionnels de santé commettent des actes de maltraitance à domicile et dans les établissements. Elle touche également les personnes handicapées. Elle n’est pas systématiquement volontaire, elle peut être due à :
- un état d’épuisement ;
- d’ignorance ;
- de surcharge de travail ;
- ou à un manque de moyens.
Maltraitance contre une personne âgée : en cas de doute, composez le 3977 ☎ https://t.co/W74GuVCT3s #MardiConseil pic.twitter.com/dtpXIfL95f
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) September 10, 2019
Quelles sont les différentes formes de maltraitance des personnes âgées ?
Les formes de maltraitance sont multiples, elles touchent tous les aspects de leur vie :
- les violences physiques : ce sont des coups, des soins violemment administrés ou une immobilisation excessive. Elles entraînent des blessures plus ou moins graves ;
- les violences psychologiques et morales : les atteintes à la dignité et toute forme d’humiliation (non-respect de l’hygiène), mais également les insultes, le harcèlement, les menaces, le chantage et la culpabilisation sont fréquemment constatés. Le manque d’affection est aussi une forme de violence psychologique ;
- les violences financières comme les vols, les ventes ou procurations abusives, l’héritage forcé ;
- les violences civiques : isolement et tutelle abusive ;
- les violences sexuelles telles que les viols et agressions ;
- les abus ou absences de prescriptions ou un traitement non adapté ;
- les négligences constituées par l’enfermement, le défaut de soins ou d’aide à l’alimentation.
Comment déceler des actes de maltraitance ?
Il est souvent difficile de déceler des signes de maltraitance chez les personnes âgées et isolées. Peur des conséquences, réticence à se confier ou inconscience de la gravité du dommage subi : les chiffres de l’OMS prouvent que les personnes âgées se confient moins sur les maltraitances quand elles sont isolées que lorsqu’elles sont accompagnées.
Les signes de maltraitance sont multiformes et trompeurs. Chez les victimes, ils peuvent être d’ordre psychologique : la personne est effrayée ou méfiante, par exemple en cas de vol ou manque d’argent. Elle demande l’autorisation d’un tiers pour répondre à des questions. Elle fait preuve d’un calme excessif ou elle est apathique et se désintéresse de la vie. Ils peuvent être aussi physiques :
- le senior est dépressif ;
- insomniaque ;
- déshydraté ;
- il perd l’appétit et maigrit.
Les négligences peuvent conduire à des escarres, des ecchymoses et des mauvaises odeurs. Autre preuve d’un manque de soins, la personne âgée ne dispose pas de lunettes, d’appareils auditifs ou dentaires.
Les aidants ou le personnel soignant peuvent être aussi coupables de maltraitance :
- ils dénigrent la personne âgée ;
- l’empêchent de s’exprimer ;
- la disputent et l’infantilisent ;
- ils se plaignent et justifient des blessures de façon invraisemblable.
De mauvaises conditions de travail comme la surcharge et l’épuisement, une rémunération insuffisante, un manque de formation et de compétences peuvent également les amener à commettre de tels actes.
Que faire en cas de maltraitance ?
Il est important de ne pas rester seul face à la situation, que l’on en soit victime ou témoin. Différentes solutions existent :
- Appeler le 3977, plateforme d’écoute nationale à destination des personnes âgées ou de tout adulte victime de maltraitance. Elle est accessible 24/7. Des professionnels font suivre chaque signalement aux autorités adéquates avec l’accord de la personne concernée ;
- Selon le Code pénal, tout acte de maltraitance avéré ou supposé doit être signalé auprès du Procureur de la République. Autre possibilité : porter plainte auprès de la Police ou de la Gendarmerie ;
- Si un tuteur ou un curateur est à l’origine de la maltraitance, il doit être signalé au juge des tutelles ou au Procureur de la République ;
- Lorsqu’un membre du personnel soignant commet une maltraitance, il faut le signaler au supérieur de l’établissement ou au chef de service ;
- En cas de maltraitance en maison de retraite, il convient de contacter l’ARS (Agence Régionale de Santé). Elle effectuera des contrôles et pourra ordonner des injonctions administratives ou des fermetures d’établissements dans les cas les plus graves.
- Un plan d’action pluriannuel 2021-2023 du gouvernement est en cours. Il vise à communiquer et sensibiliser le public et les professionnels sur le sujet.
Le mot de notre spécialiste, Daniel Seiwert
La maltraitance des personnes âgées est un sujet préoccupant et malheureusement encore trop fréquent. Chez Amelis, nous prenons très au sérieux la protection de nos aînés et souhaitons vous donner quelques conseils pratiques pour agir en cas de suspicion de maltraitance. Voici les éléments à surveiller et à mettre en place dans cette situation.
- Être vigilant : il est important de savoir repérer les signes de maltraitance, qu’il s’agisse de violences physiques, de négligences, de maltraitance psychologique ou financière. Soyez attentif aux changements de comportement ou d’état de santé de la personne âgée.
- Agir rapidement : si vous soupçonnez une maltraitance, n’hésitez pas à agir rapidement. Vous pouvez contacter le médecin traitant ou les services sociaux pour signaler la situation.
- Préserver les preuves : si possible, recueillez des preuves matérielles pour étayer votre signalement, comme des photos ou des témoignages.
- Écouter la personne âgée : si elle se confie à vous, écoutez-la avec bienveillance et soutenez-la dans ses démarches.
- Sensibiliser les proches : il est important de sensibiliser les proches et les professionnels de santé à cette problématique pour éviter que de tels actes ne se reproduisent.
La protection des personnes âgées est l’affaire de tous. Il est primordial de contacter les autorités compétentes si vous avez le moindre doute, quelque soit l’auteur de la maltraitance.
La maltraitance familiale trouve souvent ses racines dans des cycles de violence transmis de génération en génération. La confusion des rôles d’agresseur et d’agressé complique son identification. Elle est alimentée par une tolérance excessive envers les comportements abusifs et un manque de compétences et de connaissances sur le sujet. Pour combattre ce fléau, il est essentiel de détecter rapidement les cas de maltraitance et traiter chaque situation individuellement. Il est également important de promouvoir activement la prévention en fournissant des informations et des ressources adaptées.
Sources :