Télémédecine : comment révolutionne t’elle l’accès aux soins ?
La télémédecine s’appuie sur les technologies de l’information et de la communication pour faciliter l’accès aux soins de tous. Elle permet une prise en charge et un échange entre le personnel médical et le patient, malgré la distance.
L’usage grandissant de la télémédecine
La télémédecine associe consultation, expertise, assistance et surveillance médicale grâce aux nouvelles technologies. Elle répond aux contraintes de déplacement des patients et des médecins, ainsi qu’au problème des déserts médicaux. Un patient peut bénéficier rapidement et à domicile d’une consultation médicale, grâce à des rendez-vous en vidéoconférence.
Selon une étude Odoxa de 2020, 60 % des Français l’apprécient (1). Si seulement 6 % d’entre eux l’avaient expérimentée, 71% de ceux-ci s’estiment satisfaits et 4 Français sur 10 souhaitaient y recourir. En 2021, 73% des Français la jugent positivement. Avec la crise du coronavirus, son usage s’est bien développé : il a triplé pour les patients et il a été multiplié par 6 chez les soignants.
Une étude Harris Interactive de 2020 montre que les seniors sont plus de 50 % à l’envisager, et que la moitié des Français considèrent qu’elle a la même valeur qu’une consultation en cabinet ou à domicile (2).
« Le terrain est désormais favorable à la télémédecine, notamment à la téléconsultation », c’est le principal enseignement du baromètre 2020 sur la télémédecine réalisé par Odoxa et CareInsight pour l’Agence numérique en santé (ANS). https://t.co/D8udUDbBZl
— Mutualité Française (@mutualite_fr) February 3, 2020
Les différents actes de télémédecine
La télémédecine regroupe différents types d’intervention :
- la téléconsultation : c’est une consultation médicale à distance. Le patient peut être assisté. Le médecin décide si la téléconsultation est envisageable. Elle est possible par vidéoconférence, des plateformes dédiées (comme HelloConsult) et dans des espaces spécifiques (maisons de santé, pharmacies, EHPAD…) ;
- la télé-expertise permet à plusieurs médecins de discuter d’un diagnostic, d’un traitement ou d’obtenir l’avis d’un spécialiste. Elle n’est pas facturée au patient ;
- la télésurveillance consiste à faire interpréter les données médicales d’un malade par un médecin à distance, ou par du personnel soignant. Les données sont transmises par des moyens numériques (résultats d’analyse…) ;
- la téléassistance : un médecin peut y recourir pour assister un confrère lors d’un acte médical spécifique ;
- la régulation, pratiquée par le SAMU, elle permet de qualifier le besoin et d’orienter le malade dans ses soins et dans les services qu’il doit consulter.
Avantages et limites de la télémédecine
La télémédecine présente de nombreux bénéfices pour tous les patients, comme par exemple :
- obtenir rapidement un diagnostic à distance, solliciter un avis spécialisé, sans se déplacer. Elle facilite l’accès aux soins et au suivi médical. Faire renouveler une ordonnance, consulter son médecin traitant, même en cas d’absence de son domicile est simple ;
- alléger le fardeau des urgences en prenant en charge des patients ;
- assurer un suivi chez les patients à risques, et aider les seniors à rester plus longtemps à domicile grâce à un meilleur suivi ou en cas d’hospitalisation à domicile. Elle fait reculer le moment de l’hospitalisation et établit une relation de confiance grâce à une présence renforcée ;
- lutter contre la baisse du nombre de médecins, les « déserts médicaux” et répondre à la demande en raison du vieillissement de la population ;
- favoriser l’échange en réseau des soignants, renforçant les compétences et les relations : thérapeutes, infirmiers, pharmaciens…
- réaliser des soins à distance : rééducation, orthophonie… et limiter le risque de contamination en cabinet.
Toutefois, elle présente aussi quelques inconvénients, notamment pour les seniors :
- le sentiment de perte de contact humain, déstabilisant une personne âgée inquiète pour sa santé, occasionnant un sentiment d’isolement ou une difficulté à communiquer par écran interposé. Sans accompagnement, elle peut aussi générer de la méfiance ;
- le manque d’accès des seniors à un ordinateur et internet, d’où le besoin d’accompagnement et de centres avec un personnel dédié ;
- les risques associés aux données personnelles de santé sensibles.
Déroulement d’une téléconsultation
Le médecin peut proposer la téléconsultation selon l’état de santé du patient. Celui-ci est informé des modalités. Il est seul ou accompagné en fonction de :
- son état de santé ;
- des actes médicaux à réaliser (mesure, soins…) ;
- et de son aisance sur internet.
La consultation peut se dérouler via une messagerie de type Skype, avec une webcam, un appareil numérique (téléphone portable ou tablette tactile) et une connexion à internet. Ces appareils peuvent être disponibles dans des maisons de santé, des pharmacies ou des EHPAD. Ces lieux dédiés pourront aussi posséder des équipements de mesure (tensiomètre…). Les mairies les référencent et peuvent communiquer au public leur localisation.
La prise de rendez-vous peut se faire depuis des sites spécialisés comme Doctolib, ou par tout autre moyen accepté par le médecin. Certaines mutuelles proposent des services de téléconsultation, qui n’exigent pas de rendez-vous avec son médecin traitant.
Le médecin confirme par message la date et l’heure du rendez-vous, et transmet un lien de connexion sur lequel cliquer à l’heure du rendez-vous. La personne qui consulte n’attend pas en salle d’attente et peut vaquer à ses occupations avant sa téléconsultation. Le médecin doit recueillir le consentement du patient avant la téléconsultation.
Celle-ci se déroule de manière identique à une consultation classique : la qualité des soins et le niveau de conseil livrés sont les mêmes. Les ordonnances sont transmises par courrier postal, électronique, ou sur le compte personnel du patient via une application. Un compte-rendu peut être envoyé au médecin traitant. La transmission des documents et des données doit être sécurisée. Le patient pourra ensuite imprimer ses ordonnances.
Paiement d’une téléconsultation
La prise en charge est identique pour le patient : les consultations à distance sont remboursées par l’Assurance Maladie à hauteur de 70% et à hauteur de 30% par les mutuelles. Les ALD (affections de longue durée) sont prises en charge à 100%. Le tiers payant dépend de la situation du malade, avec un remboursement possible en totalité ou uniquement sur la part obligatoire.
La téléconsultation doit être incluse dans le parcours de soins coordonné du patient : il doit être connu du médecin, qui l’a reçu au moins une fois dans l’année. Sinon, pour que la consultation soit remboursée, elle doit :
- se dérouler dans un centre de santé ;
- ou bien, le médecin indisponible doit orienter son patient vers un autre médecin.
Le patient peut payer par carte bancaire, chèque ou virement, y compris vers l’application du tiers-payant. Le paiement apparaît dans le relevé de remboursements sous le compte Ameli du patient, avec la mention “téléconsultation”. La carte vitale ne fonctionnant pas à distance, c’est un service nommé « ADRi » qui vérifie les droits du patient.
Si un médecin assiste le patient lors de la téléconsultation avec un autre médecin, il peut également facturer sa consultation : le patient doit payer cette consultation qui lui est ensuite remboursée.
Sources :