Robots pour personnes âgées : peuvent-ils simplifier leur quotidien ?
Le vieillissement de la population pose des défis aux soins spécifiques des seniors dépendants. Nombre de personnes âgées souhaitent rester à domicile en bonne santé, aussi longtemps que possible. Les robots peuvent contribuer à ce besoin et leur apporter une réelle aide au quotidien. Tour d’horizon des usages, de leurs spécificités et de leurs limites.
Les défis du vieillissement de la population
En France, les plus de 65 ans représenteront en 2050 plus d’un quart de la population, soit 20 millions de personnes sur une population totale de 74 millions (1). Les plus de 85 ans doubleront et la proportion des seniors par rapport aux jeunes de moins de 20 ans passera de 71 % aujourd’hui à 122%. L’espérance de vie des femmes en 2050 pourrait être de 90 ans et celle des hommes de 86 ans.
De fait, d’ici 30 ans, la population active va baisser et la part des personnes âgées en perte d’autonomie va quasiment doubler. Cela entraînera une hausse de la dépendance et une réduction du personnel soignant. Augmenter de 50% la capacité des EHPAD d’ici 2050 coûterait trop cher. C’est pourquoi, favoriser le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes paraît être la meilleure solution.
Pour répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées, on recourt de plus en plus aux robots. Leurs bénéfices sont nombreux. Humanoïdes, ils sont autonomes et polyvalents, capables d’effectuer toutes sortes de missions. Réels assistants de vie, ils libèrent ainsi les soignants des tâches répétitives et pénibles pour mieux prendre les personnes âgées individuellement en charge, que ce soit en établissement ou à domicile.
Quelle aide les robots peuvent-ils apporter aux personnes âgées ?
Les robots assurent un rôle d’assistance aux tâches de la vie quotidienne et apportent une aide psychologique :
- ils tiennent compagnie en dialoguant et en jouant : leur aspect humanoïde facilite l’interaction avec les personnes âgées. Grâce à la reconnaissance faciale et vocale, ils décèlent les différentes émotions vécues par les personnes âgées et agissent en conséquence ;
- ils font faire des exercices cognitifs ;
- ils ouvrent des portes, ramassent des objets ;
- ils font office d’agenda interactif et instaurent une téléprésence pour communiquer avec l’extérieur ou alerter en cas de problème ;
- ils peuvent exécuter certaines tâches ménagères.
Ils procurent un véritable soutien dans la vie de tous les jours.
Des moments de communication, d’échanges avec les enfants, petits enfants ou même arrières petits-enfants mais également des moments de partage quand une famille connectée au robot accompagne par exemple une personne âgée dans une activité de jardinage ou de musique. pic.twitter.com/jxJAEB0KzI
— Sandrine Chaix (@SandrineChaix) April 28, 2020
Qui sont ces robots et quelles sont leurs spécificités ?
On peut classer les robots en deux catégories. Certains assistent les seniors dépendants dans les actes de leur vie quotidienne, quand d’autres jouent un rôle spécifique dans le soin de leur santé.
Nao et Roméo : supports de vie quotidienne
Robots humanoïdes, ils effectuent des tâches simples comme :
- ouvrir les portes ;
- ramasser les objets sur la table ;
- et monter les escaliers.
Ils surveillent les seniors sans être intrusifs et alertent en cas de problème. Ils peuvent :
- reconnaître les personnes et mémoriser les prénoms ;
- capter les émotions ;
- et détecter les caresses.
L’un de leurs avantages est de favoriser la communication en jouant, en dialoguant et en relançant la conversation en fonction des réponses données. Ils permettent même de faire des exercices cognitifs et d’animer des activités physiques comme par exemple la gymnastique. Nao est présent dans 15 EHPAD « Maisons de famille » en France et dans une centaine d’établissements en Europe.
SAM, Buddy, Medipep et Paro : assistants de santé et robots émotionnels
Ces robots ont pour but de faciliter les tâches relatives à la santé des personnes âgées :
- prise de médicaments ;
- détection de chutes ;
- auto-consultations ;
- stockage et télétransmission d’informations aux soignants…
Medipep, par exemple, peut évaluer la douleur, mesurer des paramètres vitaux et détecter des incohérences pour envoyer une alerte. Ils libèrent le temps des soignants pour des tâches plus importantes.
Ils se caractérisent aussi par leur convivialité : SAM est un système audiovisuel mobile, pilotable à distance avec écran sur roulettes à hauteur d’homme. Il permet de communiquer avec la famille si celle-ci est éloignée et les soignants. Buddy peut également mettre en relation visiophonique ses proches. Il joue et réagit aux caresses, créant une relation affective avec le senior.
Enfin, plus de 200 EHPAD utilisent Paro, un robot bébé phoque, dans un but thérapeutique avec des patients atteints de maladies comme Alzheimer. Peluche vivante avec sa fourrure blanche, Paro cligne des yeux, bouge la tête et le corps et émet de petits gémissements. Résistant, il réagit aux paroles et au contact des personnes âgées, favorisant leur stimulation cognitive. Il aide à gérer anxiété et douleur et incite à parler. C’est un véritable doudou pour adultes.
Quelles sont les limites de l’accompagnement des personnes âgées par des robots ?
Véritable aide dans l’accompagnement des personnes âgées, l’utilisation des robots a aussi ses limites :
- la survenue d’un problème technique pourrait rendre le robot dangereux surtout dans l’aide à la mobilité ou le portage des personnes âgées et le rappel de prise de médicaments. Aucune erreur n’est permise ;
- la déshumanisation des soins et de la qualité de vie. Le robot doit être un assistant et non un aidant principal. Le contact humain reste primordial ;
- la présence des robots est plus appréciée par les personnes âgées dépendantes ou en difficulté que par celles plus autonomes ou alertes ;
- l’acquisition du robot peut être un frein pour les familles et les EHPAD. Alternative possible : l’achat du robot par une municipalité et son prêt aux maisons de retraite, comme pratiqué à Issy les Moulineaux.