Des solutions pour mieux vivre l’incontinence

Incontinence urinaire chez la personne âgée : est-ce une fatalité ?

L’incontinence est un sujet de santé publique. Bien que taboue, cette pathologie concerne environ 3 millions de personnes, dont les 2 tiers ont plus de 60 ans. Les seniors sont davantage concernés par cette problématique en raison de l’affaiblissement de leur organisme. L’incontinence urinaire peut avoir des conséquences désastreuses sur la vie sociale et le bien-être d’une personne âgée. Loin d’être une fatalité pour autant, il existe des solutions pour en limiter les désagréments.

Incontinence urinaire de la personne âgée : de quoi s’agit-il ?

L’incontinence se caractérise par la perte involontaire d’urine. Elle se manifeste de plusieurs manières : 

  • L’incontinence urinaire d’effort (ou sphinctérienne) est due à une faiblesse des muscles pelviens. La perte d’urine survient lors d’un effort (rire, toux, éternuement, sport…), sans sensation de besoin au préalable.
  • L’incontinence par hyperactivité de la vessie (ou par impériosité) entraîne des envies pressantes difficiles à contrôler. Le besoin est ressenti de manière soudaine et il est difficile de se retenir. Il peut survenir à tout moment, même au repos et la nuit.
  • L’incontinence urinaire mixte est tout simplement un mélange entre les 2 types précédents.

Bien que sa prévalence augmente avec l’âge (20% des plus de 80 ans en souffrent), cette pathologie peut concerner tous les profils de population. Elle concerne également davantage les femmes en raison des traumatismes liés à l’accouchement. Elles représentent 70% des personnes touchées par l’incontinence. 

Infographie présentant les formes d'incontinence urinaire chez la personne âgée
Les formes d’incontinence urinaire – Source : Passeportsanté.net

Quelles sont les causes de l’incontinence chez une personne âgée ?

Les troubles de la miction sont généralement provoqués par le vieillissement de l’appareil urinaire. 

Les muscles du plancher pelvien et le sphincter s’affaiblissent au fil du temps et ont plus de difficulté à se contracter pour retenir l’urine. C’est ce qu’on appelle l’incompétence du col de la vessie. Celui-ci peut également être obstrué. La gêne peut également provenir de troubles mécaniques, comme le rétrécissement des tissus urinaires et génitaux.

Des pathologies comme les troubles neurologiques et cérébraux (AVC, Alzheimer…), une toux chronique, la sclérose en plaques, et certains cancers (prostate chez l’homme), peuvent également en être responsables. Des infections ponctuelles comme celles des voies urinaires (urétrite, vulvovaginite…) peuvent également provoquer de l’incontinence si elles sont mal traitées et répétitives, tout comme certaines blessures et opérations chirurgicales.

Un mode de vie impliquant une alimentation déséquilibrée (surpoids, diabète…), la consommation d’alcool ou de caféine, une hydratation insuffisante, ainsi que la prise de médicaments (sédatifs, hypnotiques, diurétiques…), sont autant de facteurs aggravants. Une baisse de l’activité physique et de la mobilité sont également en cause.

Les troubles psychologiques comme la dépression, les maladies cognitives, la démence, provoquent des dérèglements multiples, et aggravent l’incontinence.

Quelles sont les conséquences sur le quotidien de la personne âgée ?

L’incontinence impacte fortement la vie de la personne qui en souffre.

Le risque pour la personne âgée est le repli sur soi et l’isolement. Elle peut éprouver des difficultés pour en parler, ce qui retarde la prise en charge. Cette dernière peut limiter progressivement ses activités en extérieur, et le lien avec ses proches. La vie sociale se dégrade, et peut mener à une dépression dans certains cas.

Elle peut également éprouver un sentiment de honte et craindre “l’accident” à tout moment. Cela peut engendrer une baisse de l’estime de soi, pourtant si précieuse pour garder le moral. Cette pathologie peut venir perturber la vie intime au sein du couple.

L’incontinence précipite bien souvent l’entrée de la personne âgée en institution, en raison de l’hygiène et des risques de chute associés. Cette pathologie est la troisième cause de placement en Ehpad, après l’isolement et la démence. C’est une perte d’autonomie qui peut être difficilement vécue.

Le senior peut souffrir de déshydratation s’il décide de limiter sa consommation quotidienne de boissons, par peur d’uriner.

Pourtant, l’incontinence peut être traitée. Les symptômes peuvent être améliorés à tout âge, si des mesures et des traitements adéquats sont mis en place. Aussi, ce n’est pas parce que l’on est âgé que l’on souffre automatiquement de cette pathologie. Une bonne hygiène de vie permet de prévenir cette pathologie.

Quels sont les traitements possibles pour limiter les désagréments ?

Il est important d’en parler à une professionnel de santé dès les premières inquiétudes. Les causes de l’incontinence étant multiples, le médecin traitant pourra réaliser un diagnostic de la situation et proposer des mesures adaptées. Plusieurs examens peuvent être proposés : 

  • L’examen clinique consiste à questionner le malade pour comprendre le type d’incontinence dont il souffre. Cela permet au médecin de comprendre les circonstances des pertes urinaires (volume, heure de la journée…) ainsi que les facteurs déclenchants s’il y en a (toux, éternuements…). Un journal mictionnel tenu par le patient sur plusieurs jours aidera à poser un diagnostic. Les antécédents médicaux ont également leur importance pour établir un éventuel lien avec la pathologie.
  • Des analyses médicales sont ensuite réalisées afin de rechercher une potentielle infection ou pathologie liée au système urinaire. L’analyse cyto-bactériologique, l’échographie pelvienne, ou l’analyse sanguine de la fonction rénale, peuvent respectivement révéler une infection urinaire, une tumeur vésicale, ou un dysfonctionnement plus général.
  • Des examens urodynamiques sont pratiqués lorsque l’examen clinique et les analyses ne révèlent pas la cause de l’incontinence. Ils permettent d’étudier le flux urinaire.

Une fois les examens réalisés, le médecin pourra poser une diagnostic et prescrire des mesure ou traitements à mettre en place :

Un rééquilibrage alimentaire peut s’avérer nécessaire. Il faut favoriser les fibres pour éviter la constipation, et limiter les agrumes, les plats épicés, les sucres, l’alcool et la caféine. Il est nécessaire de boire suffisamment mais raisonnablement (entre 1,5 et 2 litres par jour), contrairement aux idées reçues. Limiter sa consommation de boissons rend l’urine plus concentrée et favorise les irritations des voies urinaires.

Des exercices de rééducation du plancher pelvien (exercices de Kegel) sont efficaces à tout âge. Il faut en revanche les pratiquer quotidiennement afin d’obtenir de bons résultats. Pour agir sur les envies pressantes (incontinence urinaire par impériosité), il existe des exercices spécifiques pour la vessie, notamment un programme de mictions à intervalles réguliers.

L’adaptation du lieu de vie de la personne peut faciliter l’accès aux toilettes et éviter ainsi les accidents si la personne se presse pour s’y rendre. Les risques de chute peuvent ainsi être évités.

D’autres facteurs comme la perte de poids, les exercices de relaxation, le recours au biofeedback ou la stimulation électrique (version électronique des exercices pelviens) peuvent traiter efficacement l’incontinence.

Dans certains cas précis, un traitement médicamenteux peut être proposé. Ces médicaments sont prescrits dans certains cas spécifiques seulement (généralement pour les vessies hyperactives), et viennent compléter les mesures plus naturelles décrites précédemment. 

Pour préserver l’autonomie de la personne âgée et lui permettre de rester à son domicile malgré son problème d’incontinence, les services d’une aide à domicile s’avèrent utiles. L’auxiliaire de vie saura l’accompagner dans son quotidien avec bienveillance, et veiller à ce que les bons gestes soient respectés.

Rédaction : Digital

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